Ne cherchez pas: même  la figure tutélaire du pape « tanguero » regroupant miraculeusement autour de la sainte table présidents, monarques,  chefs de villages et de communautés  les plus improbables, sur le point de parler le même langage, ne saurait infléchir l’attachement des limouxins pour carnaval, si d’aventure ces derniers étaient dans l’obligation de condamner le rire et l’humour au bûcher des vanités pour sauver la planète… L’homme de paille transformé en torchère au bout de 10 semaines de liesse où se joue l’essentiel de la comédie  humaine sur la place de la République devenu le nombril de l’univers,lui,  est combustible mais aussi immortel, et n’a de compte à rendre à personne sur sa conduite.  Il est à Limoux ce que le soleil est à la vigne, le coup de foudre qui donne au  plomb la frivolité de la plume; la résonance de l’empreinte amoureuse figée dans les vers de Nerudan ivre de sève et de fruit: » je veux faire avec  toi ce que le printemps fait au cerisier »… Une déclinaison de « la liberte conduisant le peuple » de Delacroix, mais les pierrots qui  ont dans les mains des carabènes à la place des fusils avancent sous les seules rafales de la musique des fécos. Ca commence dés le mois de janvier à une date imprécise et fluctuante déterminée par le jour de Pâques, pour  se terminer à l’aube du printemps, 80 jours après . Le temps d’un tour du monde mythique, suivi d’une  gestation de 9 mois accumulés dans les replis  des vieilles arcades. Même si l’on s’en défend ici, l’esprit de carnaval est omniprésent dans tous les actes de la vie; s’immisciant dans le  moindre interstice, comme les confettis qui échappent à la vigilance des balais et da la suçeuse. Une authentique marque de fabrique qui vaut à la ville sa réputation sulfureuse de cité festive. Une antienne reprise régulièrement par l’autorité municiple regroupant dans la trilogie du développement durable: carnaval, vins pétillants et animations musicales, sa foi dans l’avenir touristique de la cité.  Multi séculaire, la tradition est venu à bout de toutes les révolutions de palais. La dernière, qui souhaitait transformer les horaires de sortie des bandes mieux adaptés au goût du public a fini comme les premiers chrétiens dans l’arène. Le goût du paradoxe ici confine à l’ascèse, juste avant la sainteté.

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